Nujabes
« Rest in peace »
« Pray for Nujabes », voici ce qu’on pouvait lire un peu partout dans les rues de Tokyo ce 26 Février dernier. A Shibuya par exemple, la musique de Jun Seba (anagramme de Nujabes) est jouée dans les rues et des hommages sont lisibles sur les écrans géants. Ce Dj décédé à seulement 36 ans dans un tragique accident de voiture à Tokyo, fait encore parler de lui. Et pour cause : son talent immense pour la musique et les mélodies.
Le début de sa renommée commence par son travail en 2004 sur la bande originale de Samourai Champloo. Deuxième anime de Shinichiro Watanabe (après Cowbow Bebop) dont la BO avait déjà connu beaucoup de succès.
Ici ce sont les titres Battlecry, Who’s Theme et Shiki No Uta qui ressortent. Avec ces morceaux, le public rencontre à la fois la sensibilité du compositeur et son goût pour les différents styles musicaux. Il est la colonne vertébrale de ce qu’on appelle l’abstract Hip Hop Japonais. Pour faire simple il s’agit de Pop, Trip Hop, Jazz sur un décor complètement Hip Hop. Un tempo lent véhiculant un message bien plus paisible que celui des rappeurs.
Lors de la sortie de l’anime, Nujabes a déjà une carrière bien établie. Il est auto-producteur, possède son propre label indé Hydeout Productions et a déjà sorti un album : Metaphorical Music en 2003.


Motivé par le succès que Samourai Champloo rencontre, il sort un album légendaire Modal Soul en 2005. Certainement le plus apprécié pour sa richesse musicale, ses featuring démentiels, cette diversité dans les morceaux, ses samples qui boostent d’obsolètes musiciens.
Avec le premier morceau Feather, on est directement plongé dans ce qu’il fait de mieux : le fameux abstractHH avec du rap porté par une délicieuse mélodie au piano.
Eclipse, Luv(sic) sont aussi des morceaux de ce style. On y retrouve le rappeur Japonais Shing02, coutumier du genre.
Seconde piste, un morceau samplé de 1972, chanté par Terry Callier. Ordinary Joe est juste incroyable Tellement l’original est différent. A l’origine c’est un bon morceau mais presque inachevé. On sent que le musicien a réussi à faire ressortir toute l’émotion de la voix du chanteur qu’on ne percevait pas . Écoutez par vous même :
Original :
Mixé :
Music is mine est à écouter si vous souhaitez vous réconcilier avec le Jazz.
Il offre aussi Modal soul, titre fort puisque au delà d’incarner l’album, il représente sa complicité avec Uyama Hiroto le talentueux arrangeur. C’est avec lui qu’il créé les morceaux les plus célestes.
Vous l’aurez compris, c’est un album référence pour sa carrière puisqu’il sera le dernier de son vivant.
L’ultime galette sera posthume, Spiritual State en 2011. Par ailleurs, un autre ouvrage qu’il avait entrepris fut terminé sans lui, avec comme partenaire Shing02. Une série de six EP composant un seul et même album Luv(Sic) mit une dizaine d’années pour voir entièrement le jour. Il fallait finaliser certains morceaux et travailler sur d’autres mélodies trouvées sur le téléphone de Seba.
J’ai choisi de vous présenter Nujabes car sa mort, il y a 10 ans, fut un choc pour moi. Il suffit d’imaginer ce qu’aurait pu être sa carrière, les morceaux qu’il aurait réussi à arranger, les mélodies qu’il aurait trouvé et les anime qu’il aurait boosté.
Il a une approche de la musique qui relève d’un peintre qui compose des tableaux. On rêve, on voyage… L’écoute idéale pour étudier, lire, dessiner, bricoler, chiller !
Je vous souhaite une bonne écoute 😉
Hökkîn
Dessin : Hökkîn